D’importantes quantités de « médias filtrants », morceaux de plastiques utilisés pour filtrer les eaux usées par des stations d’épuration, ont été découverts depuis samedi sur les plages d’Hendaye et les berges de la Bidassoa. Une pollution certainement liée aux intempéries. De gros ronds de plastiques blancs posés sur le sable, au milieu des branches d’arbres, rejetés par l’océan sur les plages d’Hendaye. C’est la découverte faite par de nombreux promeneurs depuis samedi 11 décembre. Une pollution en grande quantité, très certainement liée aux intempéries qui ont sinistré le Pays Basque, qui affecte particulièrement la baie de Txingudi et les berges de la Bidassoa en amont. Sur les plages d’Anglet, des quantités inhabituelles de plastiques ont également été ramassées.
Pollution en baie de Txingudi
Alerté, le représentant local de la Surfrider Foundation Europe confirme la présence inhabituelle de « médias filtrants ». Morceaux de matière plastique recyclée utilisés depuis le début des années 2000 par de nombreuses stations d’épuration pour filtrer les eaux usées et collecter les particules indésirables. François Verdet en a retrouvé sur la plage d’Hendaye dans l’embouchure de la Bidassoa. Il a également constaté leur présence dans la baie de Txingudi, au niveau de la gare d’Hendaye et de la base nautique. Il a ensuite remonté le fleuve côtier et découvert les mêmes ronds de plastique sur les berges jusqu’à une quinzaine de kilomètres en amont, à la frontière entre le Gipuzkoa et la Navarre.
Rejets d’une station d’épuration
« Ce n’est qu’un début, pense François Verdet. Je m’attends à des témoignages dans les jours et les semaines qui viennent de gens, d’abord à Saint-Jean-de-Luz, puis à Bidart, Biarritz, et ensuite Anglet et dans les Landes ». Le technicien explique que l’hiver les courants vont du sud vers le nord. Il s’appuie également sur l’expérience d’un précédent épisode de grosse pollution aux « médias filtrants » en 2009 sur la rivière Oria au Pays basque sud : « on en avait retrouvé quelques mois après jusqu’en Bretagne ». L’organisation pense qu’il s’agit de rejets d’une station d’épuration qui aurait débordé suite aux intempéries. Ils ont ensuite été charriés en grande quantité jusqu’à l’océan par les débits importants du fleuve en crue lors des inondations de la fin de semaine et du week-end au Pays Basque.
Un appel à témoin lancé
La communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB), qui a la charge de la gestion des eaux usées pour les 158 communes du territoire au nord de la frontière, assure que la pollution ne vient pas de ses installations. Les stations d’épuration de la CAPB n’utilisent pas ce procédé de « médias filtrants », affirment les services qui découvrent l’ampleur de la catastrophe sur le littoral basque ce lundi 13 décembre. La Surfrider Foundation Europe a lancé un appel à témoins pour tenter de remonter jusqu’à la source de la pollution. Elle appelle les riverains qui constateraient la présence de ces morceaux de plastiques à témoigner et envoyer des photos sur la page dédiée.
Les industriels montrés du doigt
« Ce qui nous agace, c’est qu’elle (la pollution, ndlr) serait tout à fait évitable si les stations d’épuration équipées étaient un peu mieux gérées. » L’organisation met en cause les grands groupes qui rognent sur la protection des installations afin d’être moins chers et de remporter les marchés. « Il suffirait de couvrir le bassin, mettre un filet, pour qu’il ne déborde pas », préconise François Verdet. Un dispositif qui permettrait à l’eau en surplus de sortir mais emprisonnerait les « biomédias » dans la station et éviterait leur rejet dans la nature. Sans compter qu’il existe d’autres procédés, comme la pierre de lave, moins polluants mais plus chers.
« La victime première, c’est la faune marine »
Ces ronds de plastique ne sont pas immédiatement dangereux pour l’homme, mais ont tout de même un impact indirect sur la santé puisqu’il fixent les polluants chimiques. Mais, aujourd’hui, « la victime première, c’est la faune marine qui risque de les ingérer. » D’autres ronds de plastique ont été constatés sur le littoral basque et sud landais. Mais il ne s’agit pas forcément de la même pollution. « La taille et la forme dépendent de la station d’épuration qui les utilise. Il en existe donc de plusieurs sortes », explique Lionel Cheylus, en charge de la relation avec les médias à la Surfrider Foundation Europe. Dans le cas d’Hendaye et de la Bidassoa ce sont des « biomédias type K3″.
Cinq tonnes de plastiques sur les plages d’Anglet
Par ailleurs, à Anglet, ce lundi 13 décembre au matin, les services de nettoyage de la Ville ont ramassé cinq tonnes de plastique sur les plages, en plus du bois et des carcasses d’animaux habituellement convoyés par l’Adour lors des grandes crues. Si les plastiques sont habituels sur le littoral en période de tempête, cette fois leur quantité est tout à fait inhabituelle, même pour un épisode climatique extraordinaire comme celui qui touché le Pays Basque, le Béarn et le Sud des Landes ces derniers jours.
Image: Surfrider Foundation Europe