Selon une étude publiée dans « Nature », les baleines mangent trois fois plus que ce que l’on estimait. Le retour de ces « ingénieurs des mers » pourrait paradoxalement doper la productivité des océans.

« Impressionnante », « exceptionnelle », « majeure » : les adjectifs pleuvent dans le monde de la biologie marine pour qualifier l’étude sur l’alimentation des baleines publiée mercredi 3 novembre dans la revue Nature. Au terme de onze années de recherches, de mises au point, de mesures et de calculs, une équipe internationale vient de revoir radicalement l’ampleur de la consommation de proies par ces cétacés, les plus grands animaux de notre planète. S’appuyant sur différentes technologies récentes, l’équipe conduite par Jeremy Goldbogen, de l’université de Stanford, en Californie, conclut que les sept principales baleines à fanons absorbent trois fois plus de zooplancton qu’on le pensait jusqu’alors. Un résultat spectaculaire qui pourrait avoir des conséquences majeures en termes de diversité et de productivité des océans si le retour des cétacés, commencé depuis quarante ans, devait s’amplifier.

Comme souvent en sciences, tout a commencé par une question annexe. « Je voulais savoir combien de produits polluants, de microplastiques ou de fibres, une baleine pouvait ingérer, raconte Matthew Savoca, chercheur à Stanford et auteur principal de l’article. Il me fallait donc savoir combien elle mangeait. Et à ma grande surprise, je me suis aperçu qu’aucune mesure de la consommation de proies par les baleines n’existait. »

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Photographie: Roberto Rinaldi