Le Manta, projet phare de l’association the Seacleaner créée par le skipper et explorateur franco-suisse Yvan Bourgnon sera en construction en 2022. « Premier bateau-usine capable de collecter et valoriser en mer de grandes quantités » de déchets plastiques flottants, sa mise à l’eau est prévue pour 2024.

A l’origine de ce projet se trouve Yvan Bourgnon, skipper et explorateur franco-suisse, qui, après un tour du monde entre 2013 et 2015 et la découverte de mers et océans défigurés par les déchets plastique, décide de se lancer dans un nouveau défi : contribuer à la dépollution des océans. Il crée pour cela l’association the Seacleaner afin de sensibiliser le grand public à cette problématique et développer une solution technologique innovante de collecte des déchets plastique en mer.

Collecter, traiter et valoriser à bord.

Cette solution, c’est le Manta, un catamaran géant dont la version définitive a été présentée en début d’année, après trois ans de R&D effectuées en collaboration avec une vingtaine de partenaires industriels et techniques et de cinq laboratoires de recherche. Le futur navire sera doté d’une capacité de collecte de 5 à 10 000 tonnes par an et ciblera prioritairement les zones à forte concentration de pollution en Asie, Afrique et Amérique du Sud. Pour cela, ses zones de navigations privilégiées seront les rivières, les embouchures de grands fleuves, les estuaires et le long des côtes. Et la grande innovation, c’est que ces déchets, plutôt que d’être collectés pour ensuite être ramenés sur la terre ferme, seront directement transformés sur le bateau. Le Manta devrait mesurer 56,5 m de long et 26 m de large et sera équipé de quatre moyens de collecte complémentaires. Des tapis roulants achemineront les déchets collectés qui feront l’objet d’un tri manuel à bord du catamaran, trois filets à l’arrière collecteront les déchets de surface et deux grues sont prévues pour extraire les plus gros débris. Enfin, deux petits bateaux embarqués à l’arrière du catamaran géant seront utilisés pour collecter les déchets accumulés dans les rivières, estuaires et dans les eaux calmes, « dans des zones plus étroites, peu profondes et moins accessibles, où la manœuvrabilité est limitée ».

Le futur catamaran géant sera le seul bateau de travail capable de gérer 100 % des déchets plastique collectés en mer, grâce à son usine embarquée. Les déchets y seront triés manuellement, traités et valorisés avec une unité de conversion énergétique par pyrolyse qui, 24 heures sur 24, transformera l’intégralité des déchets collectés en énergie.

Un bateau écologique fonctionnant aux énergies renouvelables.

Alimenté en énergie grâce aux déchets transformés, le Manta devrait fonctionner à 75 % de manière autonome. Il sera en outre doté d’une propulsion hybride, avec 1.500 m2 de voiles d’un côté et des moteurs électriques de l’autre, alimentés par des panneaux solaires, des éoliennes et des équipements capables de produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. L’éolien et le solaire remplacent ici les moteurs diesel afin d’afficher une empreinte carbone réduite à son minimum.

Vitrine scientifique et pédagogique.

A bord, une équipe de huit à dix scientifiques à bord sera présente 250 jours par an. Elle disposera des équipements océanographiques nécessaires pour mener à bien des missions de géolocalisation, de quantification et de caractérisation des déchets. Des données précieuses pour la recherche, qui seront ensuite partagées avec les pays pollueurs et la communauté scientifique.

Et pour finir, le Manta aura aussi vocation à sensibiliser les populations : un bateau ambassadeur. Les gens pourront monter à bord, échanger, participer à la collecte, etc …D’ailleurs, une salle de conférence de 150 place est prévue à bord. Comme le dit Yvan Bourgnon, « ça sera spectaculaire, mais au service de l’efficacité : il faut sortir de la théorie et mettre les mains dans le cambouis. »

Le Manta 

Image: Seacleaner