2021 ne restera pas dans les mémoires comme l’année la plus chaude jamais enregistrée. Pas dans l’atmosphère au moins. Mais dans les océans se joue un tout autre scénario. Les chercheurs nous confirment aujourd’hui qu’ils ont été, l’année dernière, plus chauds que jamais. En 2021, les températures de notre atmosphère n’ont pas atteint de nouveau record (cinquième place des années les plus chaudes). Le service européen de surveillance du changement climatique, connu sous le nom de Copernicus, l’a confirmé hier. En revanche, des données publiées aujourd’hui par l’Académie des sciences chinoise et par l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) montrent que nos océans ont été, l’année dernière — et pour la sixième année consécutive –, plus chaude que jamais. À une profondeur comprise entre 150 et 450 mètres, la température moyenne de l’océan a atteint les 14,4 °C. Elle était de 13,8 °C en 2000 ! Une mauvaise nouvelle, car rappelons que la teneur en chaleur des océans constitue un indicateur majeur du réchauffement climatique anthropique. Les mers, en effet, absorbent une grande quantité de la chaleur excédentaire présente dans notre atmosphère. Plus de 90 %. Les chercheurs montrent aujourd’hui qu’en 2021, les océans, dans leurs 2.000 mètres supérieurs, ont ainsi absorbé au moins 14 zettajoules — soit 1021 joules- de plus qu’en 2020 — et même jusqu’à 227 zettajoules de plus que la moyenne de la période 1981-2010. Pour vous faire une meilleure idée, sachez qu’en une année, l’ensemble des activités humaines sur la Planète consomme une énergie d’environ… la moitié d’un zettajoule !
Une autre conséquence des émissions anthropiques de gaz à effet de serre
Ainsi aucune variation naturelle de type El Niño ou La Niña ne peut être tenue pour principale responsable. Ces variations, en effet, affectent surtout les températures sur un plan régional et une période relativement courte. Et outre son ampleur, ce réchauffement-là se mesure bien partout dans le monde. Par ailleurs, les chercheurs nous apprennent que les océans se réchauffent de manière significative et continue depuis la fin des années 1960 déjà. Mais que depuis la fin des années 1980, leur température a augmenté à un rythme jusqu’à six fois supérieur à celui des décennies précédentes. Et ce sont certaines régions de l’océan Atlantique, de l’océan Pacifique et de l’océan Indien qui apparaissent les plus touchées.
Une mauvaise nouvelle pour la Planète
En absorbant autant de chaleur, l’océan se met en difficulté. Son eau se réchauffe. Avec des conséquences sur ses propriétés et sur sa dynamique. Sur son volume, par exemple. Parce lorsque sa température monte, l’eau se dilate. Résultat, le niveau de la mer monte. Lorsque les océans se réchauffent, ses échanges avec l’atmosphère sont aussi modifiés. Et avec eux, les cycles des précipitations et finalement, les fréquences et les intensités des événements météorologiques extrêmes. Autre élément inquiétant souligné par les chercheurs : avec son réchauffement, l’océan perd de sa capacité à absorber le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère. Il en laisse donc plus dans l’air que par le passé. Une sorte de cercle vicieux. Et une meilleure compréhension de ce phénomène de couplage chaleur/carbone pourrait donc s’avérer cruciale dans un avenir proche. Même s’il apparait plus que jamais évident que tant que nous n’aurons pas atteint l’objectif du zéro émissions nettes, les océans, eux aussi, continueront inexorablement de se réchauffer.
Photographie: Александр Прокофьев