DILEMME Selon les chercheurs, nettoyer les océans viendrait mettre en danger un groupe d’espèces qui s’est habitué au plastique.
Les représentants de 175 pays sont réunis jusqu’à vendredi à Paris afin d’élaborer un Traité contre la pollution plastique. Un enjeu essentiel alors qu’il pourrait y avoir plus de déchets que de poissons dans les océans d’ici 2050. Pour autant, selon un petit groupe de scientifiques, il ne faut pas retirer le plastique déjà présent dans les mers car un groupe d’espèces marines s’y est adapté, rapporte Le Huffington Post.
Les chercheurs ont démontré que si le plastique vient perturber la chaîne alimentaire de nombreuses espèces, il permet au neuston de proliférer. Il s’agit d’un ensemble d’organismes vivants comprenant des algues, des mollusques ou encore des cnidaires. Parmi eux, on retrouve par exemple le dragon de mer bleu Glaucus ou les escargots violets Janthina. Tous vivent à la surface de l’eau et semblent s’être particulièrement bien adaptés à la pollution.
Quel avenir pour le continent de plastique ?
Ainsi, on retrouverait du neuston en quantité record dans le tristement célèbre continent de plastique situé au milieu du Pacifique. Beaucoup de ces petits êtres flottants se trouveraient d’ailleurs au centre de ce continent, où la concentration de déchets est la plus élevée. Selon les scientifiques, nettoyer les océans viendrait ainsi mettre en danger ce groupe d’espèces. « Ces projets pourraient priver le monde d’un écosystème entier que nous ne comprenons pas et que nous ne pourrons peut-être jamais récupérer », assure l’écologue américaine Rebecca Helm dans le journal The Atlantic.
Le continent de plastique représente par ailleurs un vrai laboratoire de biodiversité puisque les déchets ont rassemblé des espèces venant du monde entier. Selon une étude publiée dans la revue Nature en avril dernier, 80 % de ces espèces viennent des côtes et vivent aujourd’hui en compagnie des espèces de haute mer. Des mélanges fascinants mais potentiellement dangereux, d’après Mélanie Ourgaud, océanographe et écologue au CNRS. « Cela peut déséquilibrer les écosystèmes, apporter de nouveaux virus, perturber la pêche » a-t-elle expliqué.
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