Appel de Jean-Michel Cousteau, lancé le 6 décembre 2021

Nos océans sont en danger, et la décennie à venir est cruciale pour les sauver. Je plonge depuis l’âge de 7 ans, et j’ai appris à connaître l’océan, à l’aimer, donc à le respecter et à le protéger. J’ai vu que nos activités humaines mettent l’océan en danger, chaque jour davantage. Nous sommes arrivés à un stade d’urgence tant écologique, climatique, économique que sanitaire. Si je m’adresse à vous maintenant, c’est que nous pouvons agir, maintenant. L’océan se répare dès lors que l’on en prend soin, et en le protégeant, on se préserve soi-même. Plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons, et notre alimentation quotidienne sont issus de l’océan. L’eau que nous buvons, c’est l’océan. La décennie pour l’océan voulue par les Nations-Unies est désormais ouverte. La communauté internationale se doit de passer des paroles aux engagements et aux actions, maintenant. Nous sommes ce que nous sommes en train de faire, et nos actions pourront faire la différence.

L’année 2022 verra se tenir au moins 5 rencontres internationales sur l’océan, dont le One Ocean Summit à Brest du 9 au 11 février, la conférence Our Ocean à Palau les 16 et 17 février, la Monaco Ocean Week du 21 au 25 mars, le Blue Climate Summit Tetiaroa du 14 au 21 mai, la conférence des Nations-Unies sur l’Océan à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet et probablement d’autres événements….Ce ne peut plus être du « bla-bla », demandons à nos dirigeants d’agir, maintenant, fermement.C’est pourquoi je lance un appel aujourd’hui pour que, à l’occasion de la présidence française de l’Europe, 10 engagements soient pris dès maintenant et mis en œuvre d’ici à décembre 2022, le plus tôt étant le mieux :

· Zéro plastique : la fin effective du plastique jetable et un engagement pour que zéro plastique ne finisse dans l’océan,

· Zéro pêche illégale commercialisée : l’arrêt de la commercialisation du produit de la pêche illégale, et de toute pêche menacée au sens de l’UICN, avec affichage obligatoire et systématique du statut de l’espèce commercialisée,

· Zéro cétacé en captivité : la fin de l’enfermement des cétacés et autres mammifères marins, et le développement de sanctuaires pour la fin de vie des mammifères marins actuellement enfermés,

· Zéro exploitation minière des grands fonds : la signature et la ratification du moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins proposée à l’UICN lors du Congrès de Marseille,

· Une Méditerranée et un Pacifique Sud préservés :  la classification en zone ECA (haute qualité de l’air) de l’ensemble de la Méditerranée et au moins 5 % de la Méditerranée en Aires Marines Protégées (AMP) budgétées et correctement gérées en 2022, puis 10 % d’AMP correctement gérées en 2024, une gestion de la Mer de Corail à la hauteur des enjeux évoqués par son plan de gestion en 2014 et non encore mis en place, et la mise en réseau de nouvelles AMP y compris en Haute Mer dans le Pacifique Sud, par une coopération régionale accrue.

· Moins de bruit sous-marin : un plan d’urgence priorisant la lutte contre le bruit sous-marin, en particulier sur le littoral.

· Des eaux de qualité : une sanctuarisation de la qualité des eaux littorales, dans la continuité des #GreenCrossAct4Water.

· Un transport de marchandise basse émission et novateur : la labellisation d’un transport de marchandises maritime « basses émissions », visible du donneur d’ordre comme du consommateur, qui deviendrait la norme en Europe avant 2030, et le développement du transport maritime à la voile comme moyen de propulsion principal ou secondaire par un plan de soutien opérationnel sur les 3 prochaines années.

· Des plans de relance écologiquement ambitieux : la priorisation des financements des plans de relance sur la préservation de l’océan et du littoral, et l’arrêt définitif sur les marchés intérieurs et à l’exportation du tout financement public aux énergies fossiles et fissiles.

· Une humanité préservée : la réaffirmation que la dignité de l’humanité passe par le respect des droits humains et des écosystèmes en mer, que ce soit dans les zones sous juridiction ou en haute mer.

Nous ne pouvons rester dans l’inaction, ni face au climat, ni face à l’océan. Les jeunes nous poussent à agir, ce sont eux qui ont raison. Parce que je vais continuer à plonger et à préserver l’océan encore et encore, je vous rendrai compte de cet appel « Sauvons nos Océans », que j’adresse formellement ce jour aux chefs d’Etats et aux dirigeants d’entreprises de la Planète, et en particulier au Président de la République Emmanuel Macron qui présidera et ouvrira le One Ocean Summit, premier sommet international de l’année, à Brest et sous présidence française et européenne, le 11 février 2022.

Jean-Michel Cousteau, Président-fondateur de Ocean Futures, Président de Green Cross France et Territoires

Sauvons nos Océans