Les vagues de chaleur marines, ou canicules marines, frappent nos océans de plein fouet. Si les mesures de température se concentrent surtout à la surface, une étude publiée dans la revue Nature Communications révèle que ce phénomène climatique touche également les fonds marins, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour la vie animale qui s’y déploie.

D’après une étude publiée le 13 mars dans Nature Communications et relayée par le média Live Science, les canicules marines, dont la fréquence a doublé au cours de la dernière décennie à cause du réchauffement climatique, n’affectent pas seulement la surface des océans. Certains de ces phénomènes climatiques toucheraient aussi les fonds marins.

« Il s’agit d’un phénomène mondial« , a confié à Live Science l’auteur principal de l’étude, Dillon Amaya, chercheur au Physical Science Laboratory de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) à Boulder (Colorado, Etats-Unis). « Nous observons des vagues de chaleur marines autour de l’Australie et dans des endroits comme la Méditerranée et la mer de Tasmanie. Il ne s’agit pas d’un phénomène propre à l’Amérique du Nord« .

Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs se sont basés sur des mesures de température in situ, mais pas seulement. En effet, la difficulté d’accès d’une partie des fonds marins limite la quantité de données disponibles sur ces environnements. Une contrainte que les chercheurs ont contournée en reconstituant les paramètres physiques et chimiques de l’océan, et notamment les courants marins, à l’aide de modèles informatiques.

C’est de cette manière qu’ils ont mis en évidence l’existence de canicules marines profondes le long du plateau continental nord-américain, dont ils ont déterminé que celles-ci duraient plus longtemps que des évènements similaires en surface. Selon l’étude, les canicules marines de surface et profondes peuvent survenir simultanément, surtout dans les zones où les eaux de profondeurs différentes ont tendance à se mélanger.

Or, ces canicules marines pourraient avoir des conséquences désastreuses pour la faune qui peuple les fonds marins – dite « faune benthique ». Les auteurs alertent notamment sur l’impact potentiel des hausses de température sur les espèces d’intérêt commercial, à l’instar du homard, du cabillaud ou de la coquille Saint Jacques, et rappellent qu’en surface, les canicules marines favorisent la présence d’espèces exotiques invasives telles que le poisson-lion.

S’il est difficile de prédire où et quand surviendront les prochaines canicules marines profondes, « nous avons quelques hypothèses sur les causes de ces phénomènes« , a précisé le Pr Amaya. « L’un des facteurs pourrait être la modification des courants océaniques. Par exemple, sur la côte est des États-Unis, le système est dominé par le Gulf Stream, qui est un courant d’eau chaude, et sa variabilité pourrait tout à fait modifier la température de l’eau en profondeur. » L’upwelling, ou remontée d’eau froide vers la surface de l’océan, pourrait également jouer un rôle, estiment les chercheurs.

https://www.geo.fr/environnement/les-canicules-marines-rechauffent-la-surface-des-oceans-mais-aussi-les-fonds-marins-revele-une-etude-214006

©Emiliano ARANO