Prendre la plus belle vague, y dessiner une ligne de plusieurs mètres puis sortir de l’eau avec le sourire aux lèvres après avoir eu la boule au ventre: le jeune Pierre Rollet s’adonne au surf de grosses vagues, un sport extrême qu’il a déjà marqué avec des performances à Belharra ou Nazaré.  « On est bourré d’endorphines, c’est juste extraordinaire. Il y a ce départ dans la vague qui est de la folie pure. On démarre dans un trou et ça va super vite, à fond la caisse. C’est ce qui me booste, on se sent puissant », confie à l’AFP Pierre Rollet, entre deux sessions d’entraînements, chez lui, à Seignosse (Landes). Pierre Rollet n’a que 27 ans et pourtant la maturité suffisante pour dévaler des monstres d’eau pouvant atteindre 20 mètres de hauteur. Dans le documentaire « Le cercle » (Oxbow) sorti en décembre, il conte son attirance quasi magnétique pour l’océan, qui lui a valu plusieurs faits d’armes. En novembre 2017, il a surfé la plus grosse vague de sa vie à Nazaré (Portugal) avant de remporter l’année d’après le prestigieux Punta Galea Challenge à Bilbao (Espagne) pour marquer définitivement les esprits en octobre 2020 avec la plus belle vague jamais surfée à Belharra, sur la côte basque (Pyrénées-Atlantiques).

‘Pionnier d’une vague’

En décembre, il était de ceux qui ont impressionné lors de la compétition de grosses vagues à Nazaré, organisée par la World Surf League (WSL). Des vagues d’une puissance inouïe qu’il a surfées en quête de son Graal: « l’osmose avec l’océan ». Cela l’a mené sur les spots les plus prisés de la planète, comme Nazaré mais aussi Jaws à Hawaii ou Mavericks en Californie « pour vivre et exister en fait », mais aussi aux portes de sa maison, en Atlantique, « une autre voie aujourd’hui » qu’il veut prendre « à fond la caisse ». Ce qui fait de lui un surfeur pas tout à fait comme les autres. « Je me suis dit que plutôt de courir et faire comme tout le monde, j’ai peut-être mon histoire à écrire en allant chercher ce genre de vagues, ici en Atlantique, plus proche de chez nous et où pas grand monde ne surfe, voire personne. Me retrouver pionnier d’une vague ici dans le coin et en plus au Pays Basque d’où je suis originaire, moi ça me plairait bien », dit-il. Pierre Rollet est un pur Landais. Né d’un père jardinier et d’une mère cogérante d’une imprimerie familiale, il s’est d’abord défoulé au rugby comme demi de mêlée avant de se lancer sur les vagues. Passionné par ces deux sports, il a fini par choisir le surf, préférant un voyage découverte en Australie plutôt que des trajets en bus pour Carcassonne, se souvient-il.

Pêche à la mouche

Diplômé d’une école de commerce, il a notamment monté avec sa compagne une école de surf, une activité qui lui prend la moitié de l’année. Il reste avant tout et surtout proche de la nature, et se lance – parfois à l’excès – dans des courses d’ultra-trail en montagne, des longues traversées à vélo, et plus récemment de l’apnée statique. Sans oublier son péché mignon: la pêche à la mouche. « Dans le film +Le cercle+, on montre que je ne suis pas l’extraterrestre qui surfe que des grosses vagues et qui fait que des trucs inaccessibles », soutient le sportif, qui ne cache pas avoir parfois « la trouille » sur sa planche. « Mais il faut aller chercher cette peur, c’est ce qui nous pousse à repousser les limites, à s’engager pour ressentir cette sensation de vitesse qu’on cherche également ». « J’ai toujours en cette envie d’écrire en grand sur les vagues. Faire de belles manœuvres, avoir de belles courbes, et sortir de l’eau avec le sourire en m’étant éclaté tout simplement », glisse-t-il, tout sourire.

France 24

Photographie: Philippe LOPEZ AFP/Archives