La Niña est un phénomène climatique ayant pour origine une anomalie thermique des eaux équatoriales de surface (premières dizaines de mètres) de l’océan Pacifique centre et est caractérisée par une température anormalement basse de ces eaux qui est favorable a un refroidissement local.
Une quantité astronomique de chaleur continue de s’accumuler dans les océans, avec des conséquences très concrètes et délétères sur la vie marine, les secteurs de l’économie. Le contenu thermique des océans est un paramètre qui permet de suivre le réchauffement climatique de façon plus fondamentale que la simple température de surface. En effet, près de 90 % de l’excès de chaleur accumulé sur Terre en raison de l’augmentation des concentrations atmosphériques en gaz à effet de serre termine dans l’océan. A contrario, seul 1 % de celui-ci sert à chauffer l’atmosphère. et de la santé ainsi que les extrêmes climatiques. Ce sont là les enseignements d’une étude parue ce 11 janvier dans la revue.
Une accumulation de chaleur inexorable dans nos océans
Une étude basée sur les toutes dernières données disponibles montre que les océans ont continué à accumuler une énorme quantité de chaleur au cours des dernières années, malgré la présence du phénomène La Niña. Le processus de réchauffement global se poursuit donc à un rythme soutenu et les chances de maintenir la température moyenne du globe sous les 2 °C, comme le voudrait l’Accord de Paris, diminuent à vue d’œil. « Le contenu thermique des océans augmente inexorablement, à l’échelle mondiale, et il s’agit d’un indicateur principal du changement climatique induit par l’homme», souligne Kevin Trenberth, l’un des 23 chercheurs impliqués dans la présente étude. « Dans ce rapport tout récent, nous avons mis à jour les observations de l’océan jusqu’en 2021, tout en revisitant et en retraitant les données antérieures ». Les résultats de cette compilation de plusieurs jeux de données sur les deux milles premiers mètres de l’océan montrent qu’en 2021, les eaux du globe ont absorbé un supplément de quatorze zettajoules (un chiffre avec 21 zéros) par rapport à 2020, amenant le contenu en chaleur global à une valeur-record pour la troisième année consécutive. Les données montrent en outre que ce sont les océans atlantique et austral qui ont absorbé la plus grande part de l’excèdent de chaleur.
Des conséquences concrètes et multiples
Un des avantages du contenu en chaleur océanique est qu’en raison de son lien fort au déséquilibre radiatif (à 90 %), il permet de détecter l’influence humaine à l’échelle de quelques années seulement. « C’est beaucoup plus court que les près de trois décennies de mesures nécessaires pour détecter le réchauffement climatique [anthropique] en utilisant les températures de l’air près de la surface de la Terre », souligne John Abraham, un des coauteurs de l’étude. Cette augmentation tendancielle du contenu thermique des océans a bien entendu des impacts délétères sur le vivant, en intensifiant par exemple les vagues de chaleur marines. De plus, comme une eau plus chaude occupe un volume plus important, elle contribue à l’élévation du niveau moyen des mers pour environ un tiers. Enfin, elle accroît l’alimentation des perturbations météorologiques en chaleur et en humidité, ce qui intensifie les tourbillons cycloniques et les précipitations associées. « Outre absorber de la chaleur, actuellement, l’océan absorbe 20 % à 30 % des émissions humaines de dioxyde de carbone, ce qui entraîne une acidification », ajoute Lijing Cheng, auteur principal du papier. « Cependant, le réchauffement des océans réduit l’efficacité de l’absorption du carbone et laisse plus de dioxyde de carbone dans l’air. Le suivi et la compréhension future du couplage chaleur-carbone sont importants pour suivre les objectifs d’atténuation du changement climatique ».
Photographie: Aaron Ulsh