L’impact du changement climatique sur les océans ne se résume pas seulement à une hausse des températures et à une acidification des eaux. Parmi les autres conséquences, la diminution de l’oxygène dans l’eau est complètement méconnue du grand public alors que le phénomène est en train de transformer la biodiversité marine.

Depuis les années 1960, les zones en forte diminution d’oxygène ont augmenté de 2,7 millions de km2 : au niveau mondial, cela représente une perte de 2 % de l’oxygène sous-marin entre 1960 et 2010. Ce pourcentage devrait atteindre 7 % d’ici la fin du siècle, selon les dernières estimations.

Au niveau régional, c’est le nord-est du Pacifique qui subit la plus forte baisse, jusqu’à 15 % en moins. Certaines zones restent assez préservées, mais plus pour longtemps. Comme le précise l’Université Yale aux États-Unis, d’ici 2080, plus de 70 % des océans seront touchés par une diminution notable de l’oxygène.

Plus la température grimpe, plus l’oxygène se dissout

La désoxygénation de l’eau conduit directement certaines espèces à la mort. D’autres survivent, mais décident de migrer, et quelques-unes arrivent même à prospérer. Car cette baisse de l’oxygène n’est pas uniforme dans toutes les mers et océans du monde. Les tropiques, par exemple, se vident progressivement de leurs poissons, qui préfèrent migrer vers des eaux moins touchées par le phénomène.

Il s’agit d’un phénomène physique inévitable en cas de surchauffe de l’eau : plus la température grimpe, plus l’oxygène se dissout. Or, plus les eaux sont chaudes, plus les poissons ont besoin d’oxygène pour que leur métabolisme fonctionne normalement, en particulier les espèces de grande taille. La diminution de l’oxygène dans l’eau est donc en train de transformer la biodiversité marine et la répartition des espèces. Les plus grands poissons disparaissent plus facilement, et ceux qui résistent ont tendance à migrer vers des eaux plus froides. 

Les poissons vivant dans des eaux proches de la surface remontent encore plus haut, au risque d’être pêché plus facilement. Les crabes ont également tendance à se déplacer vers le nord, notamment en Antarctique où ils sont de plus en plus nombreux. Mais ces migrations ne sont pas sans conséquence, car les nouveaux arrivés se nourrissent d’autres espèces endémiques au risque de les anéantir.

Les méduses prolifèrent dans les eaux à faible oxygène

De toutes les espèces marines, ce sont les méduses qui s’en sortent le mieux : en plus de la pollution et de la chaleur, elles tolèrent très bien des eaux à faible oxygène. Et avec moins de prédateurs qui eux, ne survivent pas à cette modification de leurs conditions de vie, les méduses ont même tendance à proliférer.

Une eau de moins en moins oxygénée a donc pour conséquence moins de poissons, mais beaucoup plus de méduses. Un déséquilibre qui se remarque déjà dans les eaux les plus chaudes, comme celles des Tropiques.

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© Nicole Avagliano