ENVIRONNEMENT Les négociateurs se retrouvent pour la troisième fois en moins d’un an. Cette fois, l’optimisme est de mise du fait de l’accord historique conclu en décembre lors de la COP15 sur la biodiversité

Les Nations unies ont un peu moins de deux semaines pour réussir à s’accorder sur la protection des océans. Les Etats membres de l’ONU entament en effet ce lundi, et jusqu’au 3 mars, des négociations pour tenter d’accoucher d’un traité pour protéger la haute mer et éviter une nouvelle avarie qui verrait s’éloigner l’objectif de préserver 30 % de la planète d’ici 2030.

Après plus de 15 ans de discussions informelles puis formelles, c’est la troisième fois en moins d’un an que les négociateurs se retrouvent à New York pour une session censée être la dernière. Mais cette fois, un optimisme prudent semble de mise pour que cette session soit la bonne, encouragé par l’accord historique conclu en décembre à Montréal lors de la COP15 sur la biodiversité. Tous les pays du monde se sont alors engagés à protéger 30 % de l’ensemble des terres et des océans d’ici 2030. Un défi quasi insurmontable sans inclure la haute mer dont environ 1 % seulement est protégé aujourd’hui.

La haute mer commence où s’arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes, et elle n’est donc sous la juridiction d’aucun pays. Même si elle représente plus de 60 % des océans et près de la moitié de la planète, elle a longtemps été ignorée, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques. Les écosystèmes océaniques, menacés par le changement climatique, les pollutions en tous genres et la surpêche, fabriquent notamment la moitié de l’oxygène que nous respirons et limitent le réchauffement en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines.

Alors malgré l’optimisme affiché et les négociations informelles qui ont eu lieu depuis la dernière session en août pour faire avancer les choses, les défenseurs des océans mettent en garde contre un naufrage. « Nous avons déjà dépassé le temps imparti. Ces discussions sont la dernière chance d’aboutir. Les gouvernements ne doivent pas échouer », insiste ainsi Laura Meller, de Greenpeace.

Encore de nombreux blocages

Le projet de texte sur la table, truffé de parenthèses et de multiples options, reflète les nombreux sujets contentieux encore en jeu. Ainsi, le principe de création d’aires marines protégées est inclus dans le mandat de ce futur traité sur « la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale », mais les délégations sont toujours divisées sur le processus de création de ces sanctuaires.

Les modalités d’application de l’obligation d’évaluer l’impact sur l’environnement d’activités envisagées en haute mer ne font pas non plus l’unanimité. Et la répartition des possibles bénéfices issus de l’exploitation des ressources génétiques de la haute mer, où industries pharmaceutiques, chimiques et cosmétiques espèrent découvrir des molécules miraculeuses, est un des points les plus tendus.

Lien: https://www.20minutes.fr/planete/4024457-20230220-onu-negocations-jusqu-3-mars-traite-proteger-haute-mer

©Griffin WOOLDRIDGE