Les associations dénoncent une « politique du chiffre », qui conduit les responsables politiques à vanter des créations de sanctuaires grandioses, mais sans leur donner les moyens de surveiller, ni de les gérer de manière responsable.

Tous en bleu pour défendre l’océan. Une coalition d’ONG de défense du monde marin baptisée « Flotilla » a lancé ce mot d’ordre à la veille de la 15e Conférence sur la biodiversité (COP15), dont les travaux débutent à Montréal, au Canada, mercredi 7 décembre, afin de rappeler que la vie sur cette planète ne se limite pas aux espèces terrestres. Les environnementalistes mettent désormais en avant le rôle essentiel des écosystèmes marins dans la régulation du climat : du krill aux baleines, la faune océanique contribue à stocker d’importantes quantités de CO2 dans les grandes profondeurs, tandis qu’une bonne partie de l’oxygène est due à la photosynthèse du phytoplancton.

Seulement, ce climatiseur fondamental est malmené. L’océan se dilate sous l’effet de l’énergie en excès qu’il absorbe. Il se réchauffe, au détriment des coraux dont les récifs atténuent la houle des tempêtes et les tsunamis, il s’acidifie et perd de son oxygène. Mais la première cause de son déclin tient aux activités humaines : la disparition des mangroves et la bétonisation des côtes, la surpêche généralisée, les industries d’extraction, le déversement massif de plastique et de pollutions diverses ont un impact significatif sur les deux tiers du milieu marin, observe la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, l’IPBES. On dénombre déjà 400 « zones mortes » – soit environ 245 000 kilomètres carrés – où plus rien ne peut se développer. Plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés.

Enfin, au moins un tiers des stocks de poisson que l’on consomme sont surpêchés et 60 % sont exploités au maximum de leur capacité à se renouveler, si bien que les captures mondiales plafonnent depuis les années 1980.

L’occasion de marquer un tournant

La COP15 pourrait être l’occasion de marquer un tournant, si elle parvient à imposer au monde de préserver 30 % des espaces marins.

En 2010 déjà, la COP biodiversité, qui s’était tenue à Nagoya, au Japon, avait fixé un objectif de classement d’au moins 10% des zones marines et côtières d’ici à 2020.

https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/12/07/cop15-de-la-biodiversite-pour-proteger-les-oceans-les-objectifs-sont-loin-d-etre-atteints_6153364_3244.html

©GUILLAUME BOUTELOUP/BIOSPHOTO