Une étude conduite par un chercheur de Toulouse modélise pour la première fois le cycle de vie du plastique afin d’anticiper et aider à amoindrir une future pollution millénaire.

« Aujourd’hui, on trouve des microplastiques partout : dans la neige, les océans, les fleuves, l’air au Pic du Midi. Des montagnes de l’Himalaya à la fosse des Mariannes. Mais aussi dans les estomacs, le sang, les placentas humains et animaux… ». Une omniprésence qui pose de nombreuses questions auxquelles Jeroen Sonke, directeur de recherche CNRS au laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET), essaye de répondre depuis de nombreuses années. Que devient le plastique que nous fabriquons ? Où ira-t-il ? Où finira-t-il sa vie ? 

Le plastique à la surface des océans, « la face émergée de l’iceberg »

« Il est souvent admis que les plastiques finissent leur course dans les océans, à leur surface. On essaye d’ailleurs de les nettoyer. Mais il ne faut pas penser que cela représente le gros du travail ! Car sans mauvais jeux de mots, ce n’est que la face émergée de l’iceberg », explique le chercheur.

Une étude publiée en janvier 2023 pour modéliser la vie du plastique

Et il en veut pour preuve, l’étude qu’il a publiée au début de l’année 2023 en collaboration avec Gaël Le Roux, directeur de recherche CNRS au Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement et Jennie Thomas, chercheuse CNRS à l’Institut des géosciences de l’environnement : le premier modèle compréhensif du cycle de vie des plastiques et microplastiques.

Plus de 5 milliards de tonnes de déchets plastiques sur la planète…

Aujourd’hui, environ 400 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde. 400 millions de tonnes qui viennent s’ajouter aux 2,6 milliards de tonnes de plastique en cours d’utilisation, et aux plus de 5 milliards de tonnes déjà considérées comme des déchets. 

… et seulement 3% dans les océans

« De fait, la pollution des océans ne représente que 3 % de la pollution totale », explique ainsi le chercheur toulousain.

« Ce sont les déchets sur les continents auxquels nous devons nous attaquer ! Nous devons insister sur leur traitement aujourd’hui dans l’industrie, les milieux urbains et agricoles avant que ces plastiques ne soient envoyés doucement vers nos rivières, et nos océans. Elle est là la priorité. »Jeroen SonkeDirecteur de recherche CNRS au laboratoire Géosciences environnement Toulouse

Un cercle vicieux présent pour les millénaires à venir

Car ensuite, c’est le début d’un « cercle vicieux », comme l’explique le directeur du GET. Les microplastiques dans l’océan s’évaporent vers l’atmosphère puis retombent sur terre lors des pluies. Et ils recommencent alors leur course vers les océans. « Et ce cercle vicieux, nos modélisations nous prédisent qu’il sera présent pendant des millénaires ! »

Dans 20 000 ans, une couche sédimentaire au fond des océans

Un cercle vicieux qui, d’ici 20 000 ans, se terminera par la sédimentation de ces microplastiques, au fond de l’océan, créant ainsi une couche de matière plastique.

Une couche qui restera comme un vestige d’une période débutant dans les années 1950, années depuis lesquelles le plastique est roi.

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