La formulation de la première coupelle ostréicole biosourcée de captage d’huîtres a été mise au point par la société Seabird, près de Lorient. Une matière première livrée en Charente-Maritime où Lyspackaging produit cet équipement dont les propriétés ont été testées par Capena, au Château-d’Oléron.

Ils n’ont pas la vue sur mer et cependant, les activités maritimes étirent leur horizon. Près de Lorient dans le Morbihan, les cinq ingénieurs et docteurs en physique et chimie des matériaux de la start-up Seabird préparent exclusivement des composés biosourcés pour produire des plastiques vertueux à destination des filières pêche et conchyliculture. Leur premier prototype, un filament de pêche aussi résistant que les filets de nylon, a été testé dès 2016. Depuis, Seabird a percé le plafond d’une renommée internationale

Éthanol à la canne à sucre

À l’actif de l’entreprise de Larmor, une centaine de formulations de « compound » testées, ces microbilles qui constituent la matière première de l’industrie plasturgique, dont une dizaine parvenues à maturité industrielle. En 2016, le Comité régional conchylicole de Charente-Maritime (CRC 17) mobilisait ce savoir-faire pour imaginer une coupelle de captage de larves d’huîtres biosourcée, biodégradable et compostable. La recette est secrète, tout au plus apprend-on que de l’éthanol est à base de canne à sucre et de poudre de coquille d’huître, là où maïs, pomme de terre ou betterave, structurent d’autres compositions. « À chaque usage d’un plastique biosourcé correspond sa formulation », souligne Raynald Godet, l’inventeur de la coupelle.

Avec un succès mitigé, un premier plasturgiste s’est essayé à l’injection du nouveau « compound ». Mais, c’est de la société Lyspackaging, à Chaniers, en Charente-Maritime, qu’est venue la réussite technique digne d’une présentation publique de la coupelle. Le dirigeant de cette PME d’une vingtaine de salariés avait travaillé le sujet de son côté, sans savoir que ni Seabird, ni le CRC 17, ouvraient une voie. Il aura fallu que Nicolas Moufflet rencontre par hasard lors d’une conférence le directeur du CRC pour que Lyspackaging agrège ses compétences. « Nous sommes aujourd’hui prêts à recevoir les premières commandes des ostréiculteurs », se réjouit le PDG qui depuis 2015 spécialise sa PME dans la production de contenants biosourcés destinés au marché des cosmétiques, de l’agroalimentaire, des produits d’hygiène et d’entretien et de petits objets techniques. Seabird lui a déjà expédié les deux premières tonnes de « compound » avec lesquelles seront moulées avant l’été les 50 000 coupelles que le CRC distribuera pour test de grande ampleur aux ostréiculteurs charentais.

Des tests très rassurants

Les prototypes des coupelles biosourcées ont été testés trois ans en conditions réelles de production, sur douze sites de captage du bassin charentais-maritime. « Les questions qui se posaient concernaient notamment leurs performances et leur usure en mer », résume Pierrick Barbier, référent scientifique du Centre pour l’aquaculture, la pêche et l’environnement de Nouvelle-Aquitaine (Capena) qui a coordonné l’expérimentation. L’enseignement tiré ? « Le captage sur coupelle biosourcée est au moins aussi bon que sur une coupelle classique, et même meilleur quand la reproduction des huîtres est plutôt faible. L’usure ? Après trois années, 98 % des coupelles conventionnelles sont réutilisables, 87 % des biosourcées. »

https://youtu.be/tf2OIcIqy_c

https://www.sudouest.fr/environnement/pollution/pollution-marine/pollution-plastique-des-oceans-l-itineraire-d-une-invention-qui-changera-la-face-de-l-ostreiculture-15020756.php

????Le « compound » à base de canne à sucre sera injecté à 180° pour mouler les coupelles.

Jean-Christophe Sounalet/ « SUD OUEST »