Les échouages de dauphins sur les côtes atlantiques se sont intensifiés depuis 2016. Chaque année, l’observatoire Pelagis, à La Rochelle, en recense entre 700 et 1 100. Pour l’Ifremer, le phénomène pèse sur la pérennité de l’espèce. Depuis le début de l’année 2022, Pelagis, l’Observatoire pour la conservation de la mégafaune marine a enregistré 170 petits cétacés échoués sur le littoral du Morbihan, de Loire-Atlantique et de Vendée. Basé à La Rochelle (Charente-Maritime), l’observatoire est également chargé de la coordination du réseau national Échouages. Le nombre d’échouages recensés depuis le 1er janvier est moins important que l’année dernière à la même époque. Mais cela ne veut pas dire qu’il y en a moins.

Un programme de recherche lancé en avril

 

Depuis une dizaine de jours, la cadence des échouages s’est accélérée. C’est essentiellement dû aux conditions météorologiques. Nous avons eu moins de tempêtes que d’habitude et nous avions jusqu’à présent une dominante de vents d’est qui poussent les carcasses vers le large. Là, les vents ont tourné à l’ouest et ramènent les cadavres vers les plages​, constate Hélène Peltier, biologiste à Pelagis. La grande majorité des carcasses est dans un état de décomposition avancée qui ne permet pas de poser un diagnostic sur les causes de la mort. Mais pour la biologiste, elles sont essentiellement liées aux captures accidentelles par des engins de pêche. Les quelques dizaines d’animaux qui sont arrivés frais montrent tous des traces de capture​, assure Hélène Peltier. Comment expliquer la présence des dauphins dans la zone côtière ? Ils sont là où ils ont à manger. On peut penser qu’il y a un changement de distribution de leurs proies, à savoir les sardines, les maquereaux, les sprats…​. Un programme de recherches, avec l’Ifremer, doit être lancé en avril pour comprendre l’interaction entre les dauphins et la distribution des petits poissons pélagiques. On entend aussi beaucoup qu’il y a aussi plus de thons sur la zone côtière​, ajoute la biologiste.

Entre 4 000 et 10 000 captures par an

Les échouages de dauphins se sont intensifiés depuis 2016. Avant, la moyenne était de 500 dauphins échoués par an. Depuis 2016, les échouages oscillent entre 700 et 1 100. Pour l’Ifremer, ces échouages correspondraient à la capture de 4 000 à 10 000 dauphins par an, sachant que 75 à 80 % des dauphins pris dans les engins coulent. Ce qui représente entre 0,6 % et 2 % de la population de dauphins communs, estimée à 600 000 individus dans l’Atlantique nord.  » Suffisant pour présenter un risque pour la pérennité de l’espèce « , dit Emilie Leblond, coordinatrice du système d’informations halieutiques à l’Ifremer.  » Pour comprendre le phénomène, on a besoin de beaucoup d’informations mais il nous en manque encore. Il faut continuer à équiper les navires en cameras et que les professionnels systématisent leurs déclarations de captures accidentelles.  »

Ouest-France / Presse Océan

Photographie: © Jonas Von Werne